À l'issue de la Troisième guerre punique,
Rome écrase définitivement Carthage et s'installe sur les décombres de la ville
en 146 av. J.-C. La fin des guerres puniques marque l'établissement de la
province romaine d'Afrique dont Utique devient la première capitale, même si le
site de Carthage s'impose à nouveau par ses avantages et redevient capitale en
143.
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Thé |
Une première tentative de colonisation par les Gracques avec la
constitution d'une Colonia Junonia Carthago avorte en 122 av. J.-C., et provoque
la chute et le décès de son promoteur, Caius Sempronius Gracchus.
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En 44 av. J.-C., Jules César décide d'y fonder une colonie romaine, la Colonia Julia Carthago, mais il faudra attendre quelques décennies pour qu'Auguste lance les travaux de la cité, qui sera plus tard la capitale de la province. La parure monumentale de la ville jouera un rôle majeur dans la romanisation de la région, cette « Rome africaine » se diffusant elle-même dans le riche tissu urbain du territoire de l'actuelle Tunisie. La région connaît alors une période de prospérité où l'Afrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de productions agricoles, comme le blé et l'huile d'olive, grâce aux plantations d'oliviers chères aux Carthaginois. Le fameux port de Carthage se mue en port d'attache monumental d'une flotte céréalière dont l'arrivée est chaque année impatiemment attendue à Rome, avec l'annone, l'institution de la distribution de blé à la plèbe. À Chemtou, on exploite un marbre aux veines jaunes et roses que l'on exporte à travers l'empire, alors qu'à El Haouaria le grès est extrait pour bâtir Carthage.
Parmi les autres productions figurent les
céramiques et les produits dérivés du poisson. La province se couvre d'un dense
réseau de cités romanisées dont les vestiges encore visibles à l'heure actuelle
demeurent impressionnants : il suffit de mentionner les sites de Dougga
(antique Thugga), Sbeïtla (Sufetula), Bulla Regia, El Jem (Thysdrus) ou
Thuburbo Majus. Parmi les symboles de la richesse provinciale se trouvent
l'amphithéâtre de Thysdrus, l'un des plus grands du monde romain, et le théâtre
de Dougga. À côté des vestiges des bâtiments publics resurgissent aujourd'hui
de riches habitations privées, villas au sol couvert de mosaïques que la terre
du pays ne cesse de restituer aux archéologues. Partie intégrante de la
République puis de l'empire avec la Numidie35, la Tunisie devient pendant six
siècles le siège d'une civilisation romano-africaine d'une exceptionnelle
richesse, fidèle à sa vocation de « carrefour du monde antique ». La Tunisie
est alors le creuset de l'art de la mosaïque, qui s'y distingue par son
originalité et ses innovations43. Sur les stèles à caractère religieux on
distingue d'anciens symboles tels le croissant lunaire ou le signe de Tanit. Concurrents
des dieux romains, des dieux indigènes apparaissent sur des frises d'époque
impériale, et le culte de certaines divinités, Saturne et Caelestis, s'inscrit
dans la continuité du culte voué par les Puniques à Ba'al Hammon et à Tanit sa
parèdre. Le « carrefour du monde antique » voit aussi l'installation précoce
de communautés juives42 et, dans le sillage de celles-ci, des premières
communautés chrétiennes. La langue punique elle-même restera longtemps en
usage, fortement jusqu'au Ier siècle, et elle est attestée dans une moindre
mesure jusqu'à l'époque de saint Augustin. |
Buste de Gordien Ier |
L'apogée du IIe et du début du IIIe
siècle ne va toutefois pas sans heurts, la province connaissant quelques crises
au IIIe siècle : elle est frappée en 238 par la répression de la révolte de Gordien Ier ; elle subit de même les affrontements entre usurpateurs au début
du IVe siècle. La province est l'une des moins touchées par les difficultés que
connaît l'Empire romain entre 235 et le début du IVe siècle.
Avec la Tétrarchie, la province recouvre
une prospérité que révèlent les vestiges archéologiques, provenant tant de
constructions publiques que d'habitations privées. Cette époque est aussi le
premier siècle du christianisme officiel, devenu religion licite en 313 et
religion personnelle de l'empereur Constantin.
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